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jofoJOFO (au centre et à la marge)

La plus juste appréciation de la peinture de Jofo serait de dire qu’elle a le sel particulier de la frivolité. Mais la frivolité reste fortement suspecte dans un monde qui se veut, malgré tout, indiscutablement sérieux. Et pourtant, la frivolité demande entraînement et méthode. Elle s’acquiert, s’affine, se cultive. Il faut savoir lâcher la bride avec lucidité et vigilance et le jeu ne doit être ni inutile ni vide. La frivolité dérange, décloisonne et met en mouvement. C’est avant tout une question d’agilité et de curiosité de l’esprit. Jofo a l’impertinence de celui qui ne respecte pas toutes les règles mais il n’en fait pas un fonds de commerce. Sa peinture se caractérise par un art du raccourci, une concision de l’expression, un collage incongru de registres, et procède à la fois par bonds et accumulations. Elle développe, techniquement et thématiquement, une simplification qui éloigne des convenances et bascule les images dans la fantaisie, signe d’une observation incisive qui prime sur la valeur émotionnelle et d’un sourire grinçant porté sur le réel et sur le monde. La légèreté n’est ici nullement superficielle mais opère comme un creusement qui évide et libère des passages donnant libre cours à l’imaginaire. Cette attitude de détachement et de frémissement passe par le débordement de la réalité et fait entrer dans les images l’audace et l’incongruité. Le point de départ de cette peinture est le « toto », personnage sommaire, aimanté par l’enfance. Le « toto » est le résultat d’une étrange combinaison de gaucherie et de rouerie qui n’est pas sans efficacité, et qui offre à l’image l’aspect d’un phénomène inattendu et pourtant familier. Il est livré aux récurrences, correspondances, superpositions et collisions les plus diverses. La mobilité semble lui tenir lieu de logique. Rien de plus libre donc, de plus allègre que ce personnage qui prolonge continûment sa lancée et convoque une présence tumultueuse et composite d’éléments décoratifs, informatifs et fictifs. Mais le « toto » ne se réduit pas un épanchement convulsif. Bien sûr, il amuse et s’amuse, construit et déconstruit à sa guise. Mais c’est aussi ce centre à la fois évident et absent qui se veut résolument actif et, sans nier l’existence d’un réel parfois cocasse, parfois inquiétant, s’en sert comme préalable à son entrée dans l’imaginaire.

Jofo pointe la banalité et le dérisoire du quotidien et chez lui cette apparente insignifiance devient événement. Le côté élémentaire de l’image convoque une complicité, une proximité, une présence sensible de l’immédiat. Faits réels, fragments du souvenir ou détails anodins alimentent des récits ou plutôt des amorces de récits maintenues à la frontière entre l’anecdotique et le fictif, l’authentique et l’artificiel. Ainsi, elles assurent plus aisément les percées de l’univers imaginaire où se côtoient l’extraordinaire et le possible, où se multiplient les significations. La réussite de la démarche réside dans ce passage de l’objectif au subjectif, ce moment où des saynètes vécues, imaginées, captées instantanément telles qu’elles apparaissent, imposent une sorte d’effet de scène qui reste modeste pour ne pas promettre plus qu’il ne peut donner. Cet effet dépend également de la fragmentation et du collage, dont les conséquences sont fantaisistes et transgressives. Des actions, des temps, des espaces se chevauchent et libèrent une tonicité joyeuse. Des mouvements, des impressions, des visions s’entretiennent mutuellement. D’où cette insistance qui brille d’un éclat particulier des couleurs, des traits, des trajectoires. Cette peinture ne tient pas en place et se présente comme une suite d’écarts qui la dote d’un étonnant pouvoir de prolifération. Prolifération sans nul doute des éléments qui la composent, des signes, des repères qui y trouvent leur place, mais prolifération aussi et surtout de son espace, comme s’il était un contenant dont la capacité se multiplierait à mesure qu’augmenteraient le nombre et l’étendue des choses formant sa matière. Les images s’accumulent, se succèdent ou s’entrecroisent, tissant un réseau d’excroissances et de distractions qui dessinent comme les facettes infinies d’un prisme. Compte tenu de leurs multiples échos, elles s’imposent comme un vaste éclatement. Loin des contraintes d’enfermement, chaque image contient une autre image en puissance, qui prend corps, puis s’ouvre et s’introduit dans la dynamique d’une autre image qui, à son tour, entraîne vers les méandres imprévus d’une nouvelle image.

Jofo ne triche pas. Il connaît ses limites et c’est sa force. Il sait en jouer et c’est ce qui fait sa singularité. Il lui faut tenir sur une ligne de crête entre deux versants opposés. Il est à la fois rassurant et intriguant, futile et présent au monde. Par son évidente communication, sa peinture satisfait un besoin de consistance, mais par sa fluidité elle amène au-delà d’elle-même et se prolonge comme une résonance. Elle n’est pas en situation de rupture mais d’accompagnement et pour cela s’articule autour de notions d’ouverture, d’accueil et de souplesse. D’où le plaisir d’apprivoiser, d’échanger et de participer. Donc, d’être saisissable. Jofo a un don de conteur, un sens aigu de la formule : tout en imaginant le contexte le plus farfelu, il s’enfonce dans le quotidien, dans les étonnantes ressources d’un environnement urbain. On le surprend en conversation ordinaire avec ce qui l’entoure, ce qui le sollicite, ce qui le bouscule. Son regard enregistre et il n’arrête pas de saisir des instantanés, des instants de visibilité et de lisibilité. Mais pas question d’être exact, précis. L’exact et le précis sont finalement réducteurs. Les frontières qu’ils tracent sont, comme toute frontière, une invitation soit à l’obéissance passive, soit à la transgression. Alors, très vite l’imagination prend le relais et dérange l’ordre. Jofo met quelques gouttes de légèreté et de fantaisie dans les rouages. Il sort de ses rails notre vie quotidienne qui a une forte tendance à se mécaniser et se raidir. Il ouvre des portes et nous invite à les franchir. L’enfance n’est pas loin. Mais aussi la simple fraîcheur de l’étonnement. A quoi bon résister. Il faut s’y plonger au contraire avec bonheur parce que toute tension s’y exténue. Qu’on ne s’y trompe pas toutefois. On reste loin d’une naïveté programmée. Il faut bien revenir à la frivolité. Ce qui frappe, c’est qu’elle n’est pas quelconque. Elle est, dans sa simplicité, beaucoup plus complexe qu’il ne semble puisque toutes les interrogations n’en épuiseront pas le tranchant, mais surtout elle se réfère, avec une spontanéité inflexible, à un regard qui ne donne aucun signe d’affadissement.
Didier Arnaudet – critique d’art.

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